Historique

[slideshow_deploy id=’5589′]

aaaaa
aaaa

Trois siècles d’Histoire et de spiritualité … du 19e au 21e siècle

La naissance et l’identité du musée se fondent avec l’histoire de la ville de Paray-le-Monial où débute un pèlerinage en 1865, date de la béatification de la Visitandine Marguerite-Marie Alacoque.

En 1875, s’inspirant d’un jésuite espagnol qui avait rassemblé un ensemble d’ouvrages autour de l’eucharistie, le père Victor Drevon (1820-1880) avance l’idée d’un musée-bibliothèque pour Paray-le-Monial. Le musée n’est alors que le complément d’une bibliothèque qui fut vendue en 1948 lors de la réfection du bâtiment ; elle se trouve aujourd’hui dans les collections du Centre de documentation et de recherche religieuses de Namur.
Après avoir rencontré le père jésuite Drevon lors du pèlerinage de 1873, le baron Alexis de Sarachaga (1840-1918) décide de consacrer sa fortune à cet établissement. Il rassemble, entre 1881 et 1884, une collection d’œuvres d’art internationales. Ce projet souhaité par le père Drevon permettait d’illustrer, dans un seul lieu, le lien théologique entre l’Eucharistie et le Sacré-Cœur.
Le nom du musée s’appuie sur la racine grecque hieros, « sacré », et fait également référence aux hieron grecs, espaces à la fois religieux et politiques.

Le bâtiment, conçu par l’architecte Noël Bion entre 1890 et 1893, témoigne d’une construction rare et éclectique. Derrière la façade monumentale d’aspect classique, se cache une étonnante architecture métallique de style Eiffel.

Entièrement réhabilité en 2005 par les architectes Catherine Frenak et Béatrice Jullien, il devient municipal et acquiert le label Musée de France. Sur 700 m², le musée présente aujourd’hui un parcours artistique et culturel retraçant deux millénaires d’histoire du christianisme, avec une scénographie conçue par Marc Jeanclos, spécialiste de la mise en espace des collections.

—–

Le baron Alexis de Sarachaga (1840-1918), fondateur du Hiéron

Severin-Florentin Alexis de Sarachaga est né en Espagne, à Bilbao, le 9 décembre 1840 de l’union de don Jorge de Sarachaga y Uria et de Catherine Lobanov-Rostovskaya, princesse liée à la Cour impériale de Russie. Sa sœur aînée, Espéranza, était née à Saint-Pétersbourg le 7 juillet 1839.

La vie d’Alexis de Sarachaga est rythmée par une suite de ruptures provoquées par la perte d’êtres chers. Devenu orphelin en 1847, Alexis est confié à ses grands-parents Lobanoff installés à Paris mais perd dès l’année suivante sa grand-mère dans la tourmente révolutionnaire. Sa sœur est envoyée en Russie et Alexis reste à Paris, où il fréquente la pension Coulon non loin des Invalides. Confié en 1852 à un oncle norvégien, il rêve de devenir ingénieur, intègre l’École polytechnique de Zurich en 1855 et la quittera trois ans plus tard avant d’avoir terminé ses études. Alexis de Sarachaga mène alors une vie mondaine parcourant les capitales européennes, rendant de nombreuses visites à sa sœur, devenue en 1862 baronne de Truchsess après avoir épousé Friedrich Truchseß von Wetzhausen, ministre de Louis II, roi de Bavière destitué en 1886.

En 1867, Alexis de Sarachaga entre au ministère des Affaires étrangères à Madrid et entame une carrière diplomatique. Maîtrisant sept langues, il traduit des traités de commerce sous la direction de M. Merry del Val, père du futur cardinal secrétaire d’État au Vatican. Le climat politique qui règne alors en Espagne le fait partir à Paris en novembre 1869 où il demande à être attaché d’ambassade. La débâcle de 1870 le contraint à nouveau à l’exil. Alexis se réfugie en 1872 à Saint-Petersbourg où la vue d’un enfant mort de froid devant sa porte aurait ranimé en lui un fort sentiment religieux. C’est aux oeuvres caritatives de Saint-Petersbourg qu’il distribue une partie du produit de la vente de ses biens espagnols, en 1866. Le reste servira au financement du musée du Hiéron à Paray-le-Monial.

Après une visite chez sa soeur, au château de Wezthausen en Bavière, il se rend en Eisenach ; en visitant Wartburg, la forteresse-musée de la ville, il prend connaissance de l’organisation d’un pèlerinage international à Paray-le-Monial qu’il rejoint l’année suivante en 1873 à l’occasion de ce pèlerinage, Alexis de Sarachaga rencontre le jésuite Victor Drevon qui se préoccupe de sa formation théologique et devient son directeur spirituel. Le cheminement qui le mène de l’Internationale révolutionnaire à l’Internationale du Sacré-Coeur, le conduit ainsi définitivement à Paray-le-Monial où il vivra assez modestement pendant 45 ans. « Monsieur Alexis » , comme aimaient le dénommer les habitants, se marie le 31 octobre 1903 avec Eugénie Marie Champion (1878-1979). Il transmet le bâtiment et ses collections en 1904 à Georges de Noaillat, jeune avocat parisien de 27 ans, vice-président de la jeunesse catholique de Paris. Il se consacre alors aux publications de la Société du Hiéron s’occupant de réunir autour de lui un vaste cercle de chercheurs. Il vit alternativement à Paray- le-Monial et à Marseille jusqu’à son décès, à Marseille, le 4 mai 1918.

Photos :
Haut, gauche : Alexis de Sarachaga, début du 20e siècle
Bas, droite : Portrait de Victor Drevon à son décès en 1880, d’après le marbre d’Ettore Fevelli

aaa

Architecture et modernité

Conçu par Noël Bion (1845-1923), le musée du Hiéron présente une architecture métallique à lumière zénithale issue des nouvelles techniques de construction qui se développent pendant le Second Empire (1852-1870), sous l’impulsion de Napoléon III. Le fer avait fait son apparition au 18e siècle, alors qu’à cette époque les matériaux usuels étaient le bois et la pierre. Il s’agissait avant tout d’assurer des fonctions d’ornementation tout en renforçant les ossatures. Le 19e siècle bouleversa la conception du bâti en y introduisant le fer dont l’emploi avait bénéficié des développements autour des chemins de fer et des ponts. Désormais le concepteur ne travaille plus avec des éléments singuliers, en fonte, moulés en atelier, mais avec des profilés standard en I, T, L… dont l’assemblage, grâce à l’introduction massive du rivet, permet d’obtenir une combinaison presque illimitée des produits de base. La Tour Eiffel qui date de 1889 en est l’emblême.

La mise en œuvre complexe du pavillon central est restituée par de nombreux plans et coupes de structure réalisés par L. Borlot, spécialisé en charpente métallique.  Élève, puis collaborateur d’Émile Vaudremer (1829- 1914) avec Lucien Douillard, ce dont témoignent deux projets de monument funéraire et de pavillon, Noël Bion avait expérimenté ces nouvelles techniques dont il s’est inspiré pour la construction du Hiéron entre 1890 et 1893. Associant poutrelles métalliques, plafonds vitrés et chapiteaux sculptés sur colonnes en pierre de taille, le musée du Hiéron est un bel exemple du mélange des genres architecturaux correspondant à l’éclectisme de l’époque.