Jean-Georges Cornélius

Né à Strasbourg, Jean-Georges Cornélius (1880-1963) a été l’élève de quelques-uns des maîtres de la peinture du tournant du 20e siècle comme Gustave Moreau, Luc-Olivier Merson et George Desvallières. Plus que Gustave Moreau, l’influence de Luc-Olivier Merson se décèle dans le choix des sujets et la manière de représenter les thèmes religieux. La Première Guerre mondiale marque profondément et durablement Jean-Georges Cornélius qui perd un œil au combat et rencontre quotidiennement la souffrance alors qu’il est brancardier. Or, comme l’a écrit Pierre Rosenberg, « la liste est courte des artistes qui surent décrire l’horreur avec autant d’efficacité et d’émotion ». Jouant de cadrages serrés et de raccourcis synthétiques, l’artiste a un goût appuyé pour la dramatisation. Son dessin est net et incisif. Il délaisse progressivement les grandes toiles colorées influencées par le symbolisme pour s’approcher de la « peinture dessinée », miroir d’une réalité crue, entre tragique et joie profonde. Jean-Georges Cornélius a vécu et travaillé hors des modes et des courants artistiques de son temps, se retirant dès la fin des années 1920, dans son atelier breton, à Ploubazlanec. Plus qu’une terre d’adoption, la Bretagne sera le terreau de sa quête mystique.

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Christ Roi, années 1940, huile sur carton

L’artiste propose sa propre vision du Christ Roi distante de la vision triomphaliste donnée par l’inscription « Au Christ Roi » du fronton du musée du Hiéron, et ceci à une période de l’histoire catholique marquée par la restauration de la royauté sociale du Christ. « J’ai un Christ Roi qui peut vous intéresser. Il a dit “Mon Royaume n’est pas de ce monde”, alors j’ai pensé à lui, errant dans un monde très sombre et promenant sa majesté dans l’orage et les demi-ténèbres dans lesquelles nous vivons, nous autres chrétiens lâchés en liberté. Il m’a semblé que ce Roi errant était fait pour régner sur tous ces errants que nous sommes. Je sais qu’un pur théologien trouverait que je m’abuse, mais moi je pense toujours au Christ et jamais aux théologiens. » (lettre du 21 janvier 1960). Jean-Georges Cornélius incarne l’artiste « tourmenté du Christ » selon l’expression de George Desvallières. Sous son âpre dessin, la foi n’est ni illustration, ni fadeur.

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Jean-Georges Cornélius dans les collections du Hiéron…

Quarante-neuf tableaux et 6 dessins. Donation de Marie-Édith Cornélius.

Christ Roi, années 1940, huile sur carton, H. 80 ; L. 69 cm. Inv. 2004.7.1. Don de Marie-Édith Cornélius

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