Hélène Mugot

Après des études de lettres, d’histoire de l’art à la Sorbonne et d’arts plastiques à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Hélène Mugot (*1953) est pensionnaire pendant deux ans à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) en tant que peintre. C’est là qu’elle a compris que son véritable sujet était la lumière. Cherchant, à son retour, une nouvelle famille, elle fréquenta deux ans, à l’Institut d’Astrophysique, un petit cénacle de poètes-astrophysiciens, et se rendit en 1986, grâce à une bourse Fullbright, au far-west pour rencontrer les artistes Perceptionnalists et travailler à l’Exploratorium de San Francisco. Fascinée par les nouvelles technologies, elle séjourna l’année suivante, à New-York, au Museum d’Holographie et visita le M.I.T. de Cambridge. Pour révéler la lumière, l’artiste s’empare de techniques aussi diverses que la photographie, l’holographie, la vidéo et de matériaux tels que le verre, le cristal, les prismes optiques, l’or ou le bronze. Son œuvre est espace.

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Du sang et des larmes, 2004, verre et cristal

Hélène Mugot explore et magnifie le verre qui, là où il prend place, devient lumineuse présence. Du sang et des larmes, triptyque monumental composé de 311 gouttes de cristal clair et 267 gouttes de verre rouge, déverse un torrent de larmes et un flot de sang. Il évoque Marie-Madeleine au pied de la croix pleurant toutes les larmes de son corps pendant qu’Il perd son sang pour donner la vie. La croix se devine en filigrane dans la partie centrale.
Les « gouttes » cueillies une à une ont été installées minutieusement par l’artiste. Chaque larme, par la grâce de l’artiste, recueille, renvoie et multiplie une infime parcelle de lumière. Moins il y a de lumière dans l’espace, plus les gouttes s’éclairent mystérieusement. Les qualités optiques sont accrues par la forme globulaire des gouttes. Captant dans leur matière des images extérieures, elles ouvrent de nouveaux espaces intérieurs.
Si ces larmes nous émeuvent tant en effet, c’est qu’« elles portent en elles ce monde blessant ou blessé » (Catherine Chalier, Traité des larmes. Fragilité de Dieu, fragilité de l’âme). Le titre de l’œuvre fait ainsi référence à la phrase de Winston Churchill prononcée en mai 1940 devant la Chambre des communes : « Je n’ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur.» Le don des larmes est éternelle consolation.

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Hélène Mugot dans les collections du Hiéron…

Du sang et des larmes, 2004, gouttes de verre rouge et de cristal clair, H. 420 ; L. 650 ; P. 4 cm. Inv. 2013.6.1. Acquis avec l’aide du FRAM et des donateurs de larmes

Icare, 1986, cibachrome et cadres en laiton doré formant un quadriptyque vertical, diamètre : 50, 30, 18 et 10 cm ; P. 1.5 cm. Inv. 2013.6.2. Don de l’artiste