L’initiateur du projet, Victor Drevon (1820-1880)

Décédé en 1880, Victor Drevon n’a pas connu la construction du musée mais il en a été le pionnier, initiant à Paray-le-Monial, un important pèlerinage en 1873 et la fondation d’une bibliothèque et d’un musée autour de l’eucharistie.

Portrait de Victor Drevon à son décès en 1880, d’après le marbre d’Ettore Fevelli

Victor Drevon était né le 22 septembre 1820 à Biviers dans l’Isère. Il était devenu prêtre après avoir fréquenté le petit séminaire du Rondeau près de Grenoble, puis le noviciat jésuite d’Avignon et le centre de Vals où il avait suivi une formation de philosophie et de théologie. Envoyé dans un premier temps au petit séminaire de Montauban, il avait été muté en 1854 à Lons-le-Saunier. Lorsqu’il arrive à Paray-le-Monial en 1854 pour y prêcher une neuvaine du Sacré-Cœur, il découvre l’exercice de la réparation par la communion, message porté par la visitandine Marguerite-Marie Alacoque et éprouve le besoin de le répandre. Aussi, quelques mois plus tard, il dirige à Lons-le- Saunier une petite association de pieuses personnes dévouées à l’Eucharistie, dévotion qui sera très vite rattachée au Sacré-Coeur. Mise en forme définitivement en 1860, l’Association de la Communion réparatrice reçoit l’approbation du pape Pie IX.

A la mort de Victor Drevon en 1880, l’Association de la Communion réparatrice fusionne avec l’Apostolat de la Prière fondé en 1846 par le P.re Gautrelet qui avait été repris en 1861 par le jésuite Henri Ramière (1821-1884), lui-même lié à Victor Drevon à partir de 1863. Les deux associations assez similaires se consacraient à la dévotion de l’Eucharistie et du Sacré-Cœur. L’action religieuse des Pères Ramière et Drevon était relayée sur le plan politique par leur ami, Gabriel de Belcastel (1821-1890), député légitimiste de la Haute-Garonne depuis 1871 et sénateur de 1876 à 1879. Gabriel de Belcastel fut l’un des principaux promoteurs des comités catholiques et des congrès eucharistiques. Il coordonna le pèlerinage national de Paray-le-Monial en 1873 et vint, le 29 juin, accompagné de cinquante de ses collègues délégués par cinquante parlementaires, consacrer la France au Sacré-Cœur.

Fondation d’une bibliothèque et d’un musée
eucharistiques à Paray-le-Monial, publication
de 1879

Bon prédicateur, Victor Drevon se révèle fin analyste de l’état religieux de la société française dans un climat de défaite (1870). Il contribue à faire étendre la fête du Sacré-Cœur à l’ensemble de l’Église et obtient de l’Assemblée nationale, le 16 mai 1873, le vote de prières publiques « pour la France meurtrie et humiliée ». Le Parlement reconnaissait dans le même temps le projet de construction de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre comme étant d’utilité publique.

La rencontre de Victor Drevon et d’Alexis de Sarachaga au pèlerinage de 1873 est décisive. En 1875, ils rendent visite aux Pères jésuites de Madrid et imaginent la fondation d’une bibliothèque et d’un musée eucharistiques, projet pour lequel Alexis de Sarachaga consacrera son temps et sa fortune personnelle. L’acquisition des premiers ouvrages constitue les prémisses du musée-bibliothèque eucharistique.